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2 mars 2015 1 02 /03 /mars /2015 18:01

Impressions de Mélanie:

Mon départ à Madagascar n’étant aucunement prévu, je crois qu’il fut d’autant plus excitant avec une pointe d’appréhension tout de même. Ce fut, la première fois que je quittais ma famille pour une durée de cinq semaines, après quelques larmes sur le quai de gare, me voici partie pour Ankazomiriotra à Madagascar. Après plus d’une journée de voyage, me voici arrivée sur le sol malgache avec son rouge intense, ses rizières d’un vert éclatant et sa chaleur étouffante. Ce fut magnifique. Le premier jour à Tananarive fut mêlé d’émerveillement, en goutant les spécialités locales, en découvrant une toute autre culture, et d’étonnement quant à la mendicité qui régnait dans les rues et à l’écart entre pauvre et riche qui faisait passer de la maison cossue à des habitats ressemblant aux bidonvilles.

Le lendemain notre taxi nous emmenait vers Ankazomiriotra où nous allions poser nos valises pour cinq semaines. Sur le chemin nous avons pu profiter du paysage époustouflant et découvrir déjà les premières maisons de la population de brousse qui m’ont paru si rustiques. Les premiers pas chez les sœurs qui nous ont accueillies à bras ouvert se firent sans aucune difficulté. Mon stage commençait alors au CSBII d’Ankazomiriotra.

L’hygiène, les conditions de travail sans eau ni électricité me parurent si éloignées de ma pratique française. Ils utilisent si peu de gants, se lavent les mains tellement rarement et n’ont aucun moyen, qu’il m’a fallu m’adapter et découvrir une autre méthode de soin, non moins bonne. Ma fierté à ce moment-là, fut de pouvoir pratiquer des accouchements à plusieurs reprises et ainsi de m’assurer que, face à une telle urgence en France, je sois capable de réagir.

De plus, une nouvelle culture s’ouvrait à mes yeux, avec une famille beaucoup plus présente comme lors des accouchements et la religion catholique qui est au centre de la vie malgache.

J’essayais d’apprendre petit à petit mes premiers mots malgaches grâce à toutes ces personnes qui nous accompagnaient.

Les premiers instants furent tant cocasses que merveilleux.

Lors de ma seconde semaine, je restai seule à Ansirabe pour effectuer mon stage à l’AMADIA auprès du docteur Pierre, ce qui m’inquiéta mais finalement se déroula parfaitement. J’ai pu découvrir la prise en charge du diabète à Madagascar. Le plus choquant à mes yeux fut les témoignages des patients traités par la population comme des pestiférés, comme si le diabète se donnait par un simple serrage de main. La honte dans le regard de ses gens fut compliquée à gérer pour moi. Cependant je voyais que le docteur Pierre faisait vraiment tout pour ses patients et ceci m’a permis de comprendre que même sans moyen technique et monétaire il était capable d’éduquer et de soigner les patients.

Cette même semaine, j’ai eu la chance de me rendre à l’espace médical où la précarité des soins faisait encore une fois écho en moi. Durant l’après-midi, j’ai pu me rendre compte qu’un bon nombre de pathologies étaient non diagnostiquées et traitées par des injections de calcium. De plus, le peu de médicament entreposé obligeait l’équipe médicale à changer son traitement en fonction de ce qui était présent. J’ai donc été impressionnée par leurs capacités d’adaptation. Néanmoins, malgré ces conditions de travail dépassées, les explications m’ont été faites superbement avec un échange de mes pratiques françaises totalement possible.

De retour à Ankazomiriotra, après avoir retrouvé mes camarades, je me rendis chez le docteur Salohy qui partagea beaucoup de ses expériences et me laissa réaliser de nombreux gestes techniques.

La rencontre avec elle fut intense de par l’échange entrepris et enrichissante en voyant la manière de traiter certaines pathologies, la prise en charge des patients et la part éducative qui semble si importante ici.

A la fin de ces cinq semaines j’ai vraiment l’impression d’avoir fait un maximum pour m’imprégner de cette nouvelle culture même si je sais qu’il me faudrait plusieurs années afin de m’y adapter complètement et de comprendre toute les difficultés de cette population.

Le rapport à la pauvreté est toujours, pour moi, si complexe à gérer, surtout après m’être rendue compte de la chance que j’aie d’être née et de vivre dans un pays comme la France.

Malgré une impatience grandissante de raconter tout mon vécu à ma famille lors de ce voyage, le fait de quitter les sœurs m’attriste et me rend nostalgique de cet endroit merveilleusement accueillant.

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