Il existe huit espèces de baobabs recensées dans le monde : l’une vit sur le continent africain, une autre pousse en
Australie, et six sont présentes strictement à Madagascar. Les baobabs malgaches sont donc uniques, à l’image de 80% de la faune et de la flore insulaire. Comme beaucoup d’espèces malgaches, ces
arbres sont aujourd’hui menacés par une déforestation intensive même si, en raison du peu d’usage dont les populations autochtones en font, les baobabs ont échappé à un abattage massif. Il n’en
demeure pas moins que deux espèces sont en voie d’extinction et, pour assurer leur survie, les botanistes envisagent d’en préserver les graines dans des banques.
Le baobab est mal connu car il a été très peu étudié et, aujourd’hui, au moment où il disparaît de son aire de répartition, on se perd en conjectures sur les causes de cette disparition.
Tous les baobabs appartiennent à l’espèce Adansonia (du nom de Michel Adanson -1727-1806-, botaniste et explorateur français qui a décrit l’Adansonia Digitata, le baobab africain), et à la famille des malvacées; mais les baobabs malgaches sont bien différents de leurs cousins du continent.
Depuis la séparation du continent préhistorique, le Gondwana, il y a quelques 160 millions d’années, l’île de Madagascar est restée isolée du continent africain. Cette situation a conduit les espèces à se différencier, en s’adaptant à des écosystèmes particuliers. Ce phénomène est accentué par l’existence de plateaux au centre de l’île, qui forment une barrière infranchissable entre la côte ouest et la côte est.
Un arbre étrange et solitaire…
Les six espèces de baobabs malgaches vivent isolées, chacune dans un écosystème bien particulier :
L’immense et magnifique Adansonia Grandidieri , qui mesure entre 30 m et 40 mètres de haut et dont le tronc atteint
les 3 m de diamètre, vit dans les forêts sèches de l’ouest de l’île, dans la région de Morondava.
Le Madagascariensis a un tronc cylindrique, voire conique, et sa fleur est rouge foncé, contrairement à ses congénères dont les fleurs sont jaunes ou blanches. On le trouve dans le nord de l’île et dans la région de Majunga.
Le Pérrieri, qui peut atteindre plus de 30 mètres de hauteur, est, avec le Suarezensis, le plus menacé ; tous deux sont localisés très étroitement dans la région d’Antsirana au nord de l’île. Le plus petit des baobabs qui mesure moins de 4 m à 5 mètres de haut, à peine un arbre… – est le Rubrostipa : il ressemble vraiment à une bouteille avec son tronc tout rond, resserré au départ des branches.
Quant au Za, dont la hauteur peut varier de moins de 5 mètres jusqu’à trente de hauteur, son tronc ressemble à un gros cône posé sur le sol, comme une fusée prête à décoller.
Ses feuilles ? En dépit de racines aériennes impressionnantes, les baobabs ont peu de feuilles : ne dit-on pas qu’ils ont l’air d’avoir été plantés à l’envers ? Ces quelques feuilles tombent pendant la saison sèche : le baobab a donc peu de surface apte à faire la photosynthèse. Mais il a trouvé la parade : quand on gratte son écorce, on constate que le tronc est recouvert d’une pellicule verte de chlorophylle ! Il peut ainsi faire de la photosynthèse toute l’année, quelque soit la saison.
Son tronc ? Il grossit ou maigrit suivant la saison : le baobab stocke l’eau dans son tronc spongieux. Ce dernier
grossit donc pendant la saison des pluies, ce qui lui permet de tenir pendant la longue saison sèche, en maigrissant au fur et à mesure. Mais, malheureusement, cet avantage est un handicap pour
les botanistes : la coupe du tronc ne révèle pas un nombre de cercles concentriques en relation avec l’âge, comme sur les autres arbres. Et l’on ne connaît pas l’âge exact des baobabs, même si la
lenteur constatée de leur croissance permet d’évaluer qu’ils ont pour la plupart plusieurs centaines d’années d’existence !
Ses fleurs ? Chaque espèce a un pollinisateur adapté à la forme de sa fleur. Les fleurs du genre brevitubae font appel aux lémuriens et aux chauves-souris, quand les fleurs de type longitubae requièrent la présence de papillons, d’abeilles, ou d’oiseaux.
Et les fruits ? Les baobabs produisent de gros fruits de forme oblongue –appelés Renala en malgache-. Les graines, logées dans une pulpe blanchâtre, sont protégées par une coque dure, recouverte d’une peau marron et douce comme du velours.
Oui, le baobab peut nourrir des légendes. Pourtant, hormis quelques baobabs sacrés, c’est un arbre dont les malgaches font peu de cas. L’écorce du baobab était autrefois utilisée pour faire les toits des maisons et les cordages, mais l’usage s’en est quasiment perdu. Les fruits peuvent être consommés en jus, mais les touristes en sont les principaux amateurs. Les feuilles sont riches en vitamines A, pourtant, personne ne les consomme. Au sud de l’île, on creuse le tronc des baobabs afin de les transformer en réservoirs d’eau pour la saison sèche, mais le bois n’est d’aucun usage hormis celui-là.
C’est un mal pour un bien car, finalement, cette relative inutilité vaut au baobab d’être encore préservé dans les zones fortement déboisées. Quand on arrive à la fameuse allée des baobabs, au nord de Morondava, on est frappé par leur présence imposante. En effet, les Grandidieri dominent la savane aujourd’hui rase. Cette zone, autrefois forestière, a été déboisée par les populations qui pratiquent la culture sur défriche-brûlis, dite « tavy », puis par la construction d’une raffinerie de canne à sucre. Mais les baobabs, eux, sont restés debout malgré le passage du feu et l’accroissement de l’humidité liée aux rejets de la raffinerie. Ceci étant, ces arbres pourraient être les derniers de leur espèce, car ils ne se reproduisent plus.
Pourquoi disparaît-il ?
Dans certaines zones de Madagascar, il n’existe plus de jeunes baobabs, et ceci depuis 300 ou 400 ans. Les chercheurs du Centre International de Recherche en Agronomie pour le Développement (le CIRAD) et de l’Université d’Antananarivo unissent leurs efforts pour essayer de comprendre comment le processus s’est interrompu.