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Les livres pour enfants restent le parent pauvre de la littérature en Afrique. Un vide à combler pour que les jeunes y découvrent à temps leur environnement et leurs réalités.
Si les enfants africains se mettent tardivement à la lecture, c'est peut-être parce que trop peu de livres sont écrits spécialement pour eux. "La littérature pour enfants et jeunes que nous avons aujourd'hui relève de produits du Nord qui ne prennent pas en compte l'environnement de l'enfant africain", explique Sahite Sarr Samb, directeur du Livre au Sénégal. Les auteurs et illustrateurs africains manquent au rendez-vous au Sénégal et au Bénin, comme ailleurs en Afrique de l'Ouest. En outre, les maisons d'édition africaines, nées pour la plupart dans les années 1990, n'ont pas les moyens financiers ni l'expertise nécessaire. Logiquement, cette lacune de l'édition se retrouve dans les bibliothèques, comme le déplore Sahite Sarr Samb : "Les enfants lisent ce qu'on met à leur disposition". Ainsi, dans l'une des plus grandes bibliothèques de Dakar, celle de l'Institut linguistique français Léopold Sédar Senghor (ex Centre culturel français), sur l'ensemble des livres pour enfants disponibles, un sur dix seulement est écrit par des auteurs africains ou des étrangers ayant séjourné en Afrique. "Les enfants consultent ces livres, mais au bout de quelques mois, il n'y a plus grand-chose à se mettre sous la dent", témoigne Ibrahima Traoré, le responsable de la bibliothèque.
Harry Potter entre deux contes africains
Faute de se régaler de textes illustrés qui parlent du continent, beaucoup se contentent d'ouvrages venus d'ailleurs. Issue d'une famille aisée, Arielle, 13 ans,
est en 4ème au Cours Sainte-Marie de Hann à Dakar. Elle tient en main Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé, le 6e tome de la série de J. K. Rowling. "C'est un cadeau de papa !", lance-t-elle,
les yeux brillants et l'air comblé. Bien que passionnée de lecture, Arielle ne se souvient pas avoir lu d'auteur africain destiné aux enfants. "À part les lectures que nous faisons en classe et
quelques contes, je n'en vois pas", dit-elle avec gêne. Contrairement à Arielle, Anna-Sophie, élève dans un collège privé de la banlieue dakaroise, dévore les rares livres sénégalais. Même si
elle reconnaît que les plus beaux livres illustrés sont écrits par les Toubabs, elle préfère quand même "ces histoires africaines" qu'elle dévore dans les écrits de Fatou N'diaye Sow, une auteure
sénégalaise récemment décédée. "C'est plus facile pour moi d'imaginer un village sénégalais dans son livre", affirme cette lectrice en herbe.
"Coller aux réalités
africaines"
Dans les rayons des bibliothèques scolaires, les livres africains manquent cruellement. L'école U 26, située aux Parcelles
assainies, une autre banlieue dakaroise, dispose de quelques livres d'auteurs africains, mais seuls les instituteurs y ont accès. Pourtant, selon Doudou Sèye, membre de la cellule d'animation
pédagogique, les élèves préfèrent de loin les bandes dessinées d'auteurs français. "L'enfant est attiré par les images qui sont plus concrètes pour lui que les textes", explique l'enseignant.
Selon certains experts de l'éducation, ce déficit de livres africains pour enfants contribue, chez les jeunes, à la baisse du niveau littéraire et à la méconnaissance de leur environnement. C'est
justement pour combler ce déficit que la maquette du livre Des papis pas possibles a été présentée en septembre dernier au Bureau de l'Unesco à Dakar par des auteurs et illustrateurs africains, à
l'occasion d'un atelier sur la question. L'un d'eux, Dominique Mwankumi, souligne "qu'il ne s'agit pas simplement de dessiner, mais de raconter une histoire en images pour coller aux réalités
africaines".